« Les agents diplomatiques ou consulaires pourront proposer au demandeur d’un visa d’exercer à ses frais, la faculté de solliciter la comparaison de ses empreintes génétiques aux fins de vérification d’une filiation biologique déclarée ».

Il faut rappeler qu’à l’heure actuelle, en vertu du Code Civil, « l’étude génétique des caractéristiques d’une personne ne peut être entreprise qu’à des fins médicales ou de recherche scientifique », ainsi qu’en matière pénale.

Le Grand Orient de France s’inquiète de l’utilisation des progrès de la technique dans les sciences biologiques à des fins policières et répressives qui rappellent des comportements de sinistre mémoire.

Il proteste contre la discrimination qu’induit la loi entre des étrangers et des citoyens français, sur le plan humain, quand l’intimité de familles entières est bafouée par des investigations qui, certes, devraient rester volontaires, mais dont les conséquences, quand elles pourraient mener au maintien de la séparation, ne peuvent être ignorées.

Il s’oppose à l’évolution actuelle philosophique et politique des sociétés occidentales du Nord. Quand en France, 25 000 retours au pays sont programmés dans l’année (le journal le Monde du même jour), quand le regroupement familial est considéré comme un danger et traité comme un délit, jamais n’est pris en compte le destin tragique de nos contemporains et frères humains du Sud qui ne fuient leur pays que pour échapper à la misère.

La politique n’est pas uniquement le traitement de l’urgence par la répression et la brutalité.

La politique n’est pas un repliement sur des certitudes identitaires douillettes et illusoires.

Nos pays et en particulier l’Europe s’honoreraient de toujours garder en filigrane dans leurs décisions la dimension humaniste.

Le Grand Orient de France souhaite que la révolution française ne soit pas dans l’esprit et la lettre « l’allègre illusion » que dénonçait René Char.

Il veut être la sentinelle des valeurs des lumières dans une République où la liberté ne peut pas s’entendre sans l’égalité et la fraternité, sauf à être celle du loup dans la bergerie.

Sans violence mais avec obstination et persévérance, il continuera à dénoncer toutes les décisions qu’il sait contraires à la dignité des hommes, des femmes et des enfants, quels que soient leur pays, leur religion, en un mot, leur différence.